La revue poétique "Nouveaux Délits" a sorti son numéro 81 !
Des poèmes lesbiens, trans, féministes, non-binaires, et plus encore, des illustrations abstraites, et des citations, vous attendent dans ce carnet d'une cinquantaine de pages aux auteur.rices multiples.
(Dont onze haïkus inédits de votre serviteuse)
Vous pouvez vous le procurer ici https://piaille.fr/@revue_nouveauxdelits/114320762864137974
Ou là
Bonne lecture !
- Mathilde Fauve
Nouvelles lunettes -
En plongeant dans mes livres
J ai le mal de mer
- Mathilde Fauve
A la bibliothèque
Le silence des livres
Délaissés de tous.tes
- Mathilde Fauve
Nuit de la lecture
Mes insomnies reconnues
Comme une fête
- Mathilde Fauve
C'était un samedi pluvieux de septembre
Je travaillais à la bibliothèque
La mélancolie m enserrait à coeur-fendre
Et l ennui me courbait la tête
Tant de mondes merveilleux m appelaient
Sous leurs couvertures chatoyantes
Je restais là à surveiller
De mornes présences adolescentes
Plutôt que de chercher l oubli
Des heures, du thé froid et des rêves morts
J aurais voulu exister moi aussi
Dans les pages d un roman de fantasy
Dans les bras d un.e amoureux.se transi.e
Ou dans un endroit qui n existe pas encore.
- Mathilde Fauve
Sans eau trois jours
Sans nourriture une semaine
Sans livre deux heures
C'est mon maximum
- Mathilde Fauve
<3 Coeurs sur toi
qui lis des livres de la bibli
en attendant d’avoir assez d’argent
pour les acheter en librairie
(ou ton anniversaire)
Assise sur le canapé
Je tourne lentement les pages
où s'égrènent une flopée
d’enivrantes images
Nadia Becker peint la douceur des nuages
un cygne transporte deux filles qui sourient
un château élève ses tours sans âge
Trois moutons rentrent à la bergerie
Confinée chez moi, je soupire d’envie
J’aime ma famille et je sais qu’elle m’aime aussi
Mais parfois dans nos voix grondent des orages
Il est difficile ma foi, d’être toujours sages
Mes sœurs prennent de la place
l’appartement est petit
et le cœur plein de tendresse
des parents peut être aussi ?
Quand je me sens inquiète
Je pleure dans mon lit
Les histoires se tiennent prêtes
à m’emmener loin d’ici.
- Mathilde Fauve
Pas craintif, pas même désespéré, mais inébranlable et tenant sa place. Refusant de se retirer du monde.
Donna Tartt, Le Chardonneret
Aux funérailles du Premier Ministre Zhou Enlai, je me suis rendu sur la place Tiananmen, j'ai lu les pancartes et les lettres que les gens avaient laissées. Je les ai mémorisées. “Et je le dis à la face du monde : Je - ne - crois - pas - en - toi ! / Je ne crois pas que le ciel est bleu, / Je ne crois pas que les rêves sont faux, / Je ne crois pas à la mort sans contrepartie” Tout le monde les a lues et je me suis demandé ce qui arrive quand cent mille personnes mémorisent le même poème. Est-ce quelque chose change ?
Un tableau, un vraiment grand tableau est assez fluide pour se frayer un chemin dans l'esprit et le cœur sous toutes sortes d'angles différents, selon des modes uniques et particuliers. À toi, à toi. J'ai été peint pour toi.
Donna Tart, Le Chardonneret
“Quatre mois, c’est vite écrit et c’est vite dit. Un quart de seconde suffit à articuler ces trois syllabes : quatre mois. Quelques caractères suffisent à les noter. Mais comment peindre, comment exprimer, fût-ce pour soi-même, une vie qui s’écoule hors de l’espace et du temps ? Personne ne dira jamais comment vous ronge et vous détruit ce vide inexorable [...].”
Stefan Zweig, Le Joueur d’Échecs
“Récapitulons. Petite, je voulais devenir Dieu. Très vite, je compris que c'était trop demander et je mis un peu d'eau dans mon vin de messe : je serais Jésus. J'eus rapidement conscience de mon excès d'ambition et acceptai de "faire" martyre quand je serais grande. Adulte, je me résolus à être moins mégalomane et à travailler comme interprète dans une société japonaise. Hélas, c’était trop bien pour moi et je dis descendre d’un échelon pour devenir comptable. Mais il n’y avait pas de frein à ma chute sociale. Je fus donc mutée au poste de rien du tout. Malheureusement — j’aurais dû m’en douter —, rien du tout, c’était encore trop pour moi. Et ce fut alors que je reçus mon affectation ultime : nettoyeuse de chiottes.”
Amélie Nothomb, Stupeur et Tremblements
“Oui, je le sais. Au fond de mon cœur enténébré, je le sais. Il aurait aimé. Vous voyez ? Même la Mort a un cœur. ”
Markus Zusak, La Voleuse de Livres
“Yes, I know it. In the darkness of my dark-beating heart, I know. He’d have loved it all right. You see ? Even Death has a heart. ”
Markus Zusak, The Book Thief
Selma Lagerlöf in a 1937 French edition (Delagrave editor)